Salut mon canard en sucre,
Me revoici pour la deuxième partie de mon diptyque sur l’allaitement et sur la colère noire qu’a déclenché chez moi ce fameux post de la Leche League France ou l’allaitement écologique de l’extrême !
On reprend le fil de l’aventure ? Si tu veux la première partie, c’est par ici !
Le sauvetage de mon allaitement in extremis
Un soir, lors d’une énième et désagréable traite, une discussion avec une amie sur Messenger a tout changé (Adeline si tu lis cet article, sache que tu as sauvé mon allaitement <3 ). Elle m’a dit fermement, mais avec une immense bienveillance que si je continuais à tirer, tout allait s’arrêter rapidement (ce que je redoutais plus que tout), qu’il fallait que mon pitchou fasse des tétées complètes au sein pour stimuler et que ça serait la seule manière d’envisager l’allaitement long que je souhaitais à l’époque. Je pense que si elle ne m’avait pas un peu secoué les puces, j’aurais lâché l’affaire bien avant – et il ne serait resté qu’une grande frustration doublée d’une tristesse infinie.
Alors, j’ai dû négocier avec mon mec. J’ai commencé par réintroduire une tétée complète au moment du réveil du milieu de la nuit – et petit à petit, d’autres, jusqu’à ce que la confiance se réinstalle. Cela dit, j’ai aussi dû gérer le fait qu’il avait pris l’allaitement en grippe et qu’il refusait catégoriquement de m’apporter le petit dans notre lit pour que je puisse l’allaiter et me rendormir aussi sec – lui prenant le relai pour les soins (et le portage pendant mini 30 minutes de notre bébé RGO – sous peine de risque d’étouffement dans son vomi). Du coup, j’étais seule à me lever plusieurs fois par nuit, pour minimum 1h à chaque fois. Au bout de 3 mois et demi à ce rythme, j’étais littéralement épuisée. Tout le monde me criait de me reposer, mais j’étais encore coincée dans la spirale culpabilisatrice de « Si tu lui donnes un biberon, alors tu es une moins que rien ».
Ce qui m’a sauvée une deuxième fois par la suite, c’est la reprise d’un suivi psy – qui a grandement dédramatisé le fait de donner des biberons en poudre. Parce que c’est une chance de pouvoir le faire quand l’allaitement marche mal ou quand on ne souhaite pas allaiter. Ou pour souffler 5 minutes tout simplement. On ne dit pas dans les manuels à quel point l’allaitement est un don de soi et peut virer au cauchemar absolu. A quel point tu dois gérer les autres qui ne te soutiennent pas. Qui te disent que tu as des petits seins donc pas de lait. Qui te disent qu’il serait peut-être temps d’arrêter. Qui ont forcément LA solution à ton problème et qui t’expliquent comment ils auraient totalement géré à ta place.
Et puis, vers 4 mois, les choses étaient en place. Petit lapin ne se réveillait plus la nuit (en tout cas pas pour téter *insérer Smiley fou/fatigué/exaspéré ici* 😉 ), il prenait bien – les tétées sont passées de 45 à 10 minutes top chrono – on avait notre position d’allaitement. Il était allaité matin et soir, je tirais une fois par jour et il avait un biberon de poudre vers 15h (Le SAINT-BIBI donné par son papa et qui est très important pour lui ^^).
Comme il vomissait énormément (on a galéré pendant 8 mois, notre appart a été littéralement aspergé de vomi – et encore aujourd’hui, c’est mieux, mais pas totalement réglé, les allergies alimentaires ayant pris le relai 🙄 ), j’ai quand même pris un rendez-vous avec une sage-femme consultante en lactation ICLBC (5 mois de délais pour un RDV non-remboursé) qui a vérifié les freins de langue et de lèvre de lapin – et qui m’a confirmé que tout était ok (j’ai longtemps pensé que des freins restrictifs l’empêchaient de téter correctement, et qu’ils avaient causé la sous-nutrition à la naissance ET les vomis spectaculaires) qui a été la première à me dire « Waouw, vous gérez ! Vous pouvez être fière et Whhhaaaattt ? Vous tirez 120ml par jour avec peu de stimulation, vous avez des seins faits pour l’allaitement ! ». Tu ne peux pas imaginer à quel point la voir m’a remonté le moral. J’avais totalement repris confiance, après 6 mois d’allaitement.
Aujourd’hui, nous sommes presque à 9 mois d’allaitement mixte, chaton est diversifié (et réclame des morceaux à corps et à cri en ouvrant son petit bec 😀 ), c’est toujours une crevette en dessous de la courbe de poids (pourtant il mange comme 3, allez comprendre !). Je sens qu’on se dirige vers la fin de l’aventure et je suis apaisée. Lui est moins en demande, moi aussi. Je suis également fatiguée de lui consacrer mon corps. J’ai envie qu’il m’appartienne pleinement à nouveau et de regagner une forme de tranquillité. Allaiter aura été une expérience merveilleuse, dure, incomparable, mais nous nous dirigeons vers la sortie. Et très bientôt, il passera à une tétée par jour – puis à 100% biberons de poudre.
J’ai compris que les laits maternisés n’étaient pas mauvais et même si je suis encore persuadée que mon lait est le plus adapté pour mon fils, je n’en fais absolument plus une maladie. J’ai été pour ma part biberonnée au lait en poudre et je ne me suis jamais sentie inférieure ou en moins bonne santé qu’un adulte qui aurait été longuement allaité. J’ai beaucoup relativisé en lisant des articles (autres que sur la Leche League), notamment l’étude de 60 millions de consommateurs qui a conclu que tous les laits infantiles testés étaient de « très bonne qualité tant au niveau de la propreté que de la nutrition ».
Maintenant que je t’ai conté mon aventure, je te dis pourquoi le post de la Leche League m’a tant fâchée ?
Un peu de culpabilité écolo mesdames ?
J’ai trouvé que ce post relevait d’une instrumentalisation totale et qu’il était culpabilisant au possible.
En tant que femme, nous portons déjà la majorité de la charge mentale et de la charge morale (fait de se préoccuper de la planète) sur nos frêles épaules. Mais alors quand on devient mère…c’est une enclume qui nous tombe littéralement sur la gueule en fait. En tout cas, ça a été mon ressenti. Tout d’un coup, tu te retrouves à devoir gérer tout l’administratif (les courriers à propos de tes gamins te sont quasiment tous adressés et pas toujours le réflexe de passer le relai), le médical, les trucs « chiants et délicats » (tu sais, ces trucs où ton bébé hurle à la mort) que dans mon cas Ludo a été réticent à faire (lavages de nez, couper les ongles) et j’en oublie sûrement ! Et il faudrait en plus se taper le poids immense du Comment ?? Tu ne mets pas en place l’allaitement écologique ?? TU N’ALLAITES PAS DONC TU DEGUEULASSE LA PLANETE ESPECE DE SOUILLON !!!
Est-ce que les brillant.e.s personnes qui ont sorti ce post de leur chapeau ont songé UNE PUTAIN DE SECONDE aux mamans devant faire face à un allaitement compliqué ? Quel mépris quand on y pense ! Donc tu viens d’avoir ton gamin, on te conseille d’aller faire un tour sur le site de la Leche League si tu allaites et PAF gros sous-entendu de « ouah la vilaine, elle ne choisit pas l’allaitement écologique ». Comme les préoccupations green et la crainte vis-à-vis du monde dans lequel vont potentiellement vivre nos enfants sont grandissantes – c’est juste de la grosse manipulation de merde pour servir leur cause. De mon côté, j’ai assez de recul sur mon allaitement pour me dire que ce post est une véritable chiure dans le monde coloré et pop d’Instagram – mais j’aurais lu ça durant les premières semaines de mon aventure, j’aurais juste été dévastée. Une nouvelle couche de mauvaise mère, une !
Quand on devient parents et en particulier maman, on est déjà tellement culpabilisées de tous les côtés que ce post sur l’allaitement écologique me paraît juste indécent en fait. On en rajoute une tartine sur des personnes qui sont très souvent en situation de grande vulnérabilité. C’est dégueulasse.
Parce que je suis désolée, mais l’allaitement ne fait absolument pas l’écolo. On ne va pas nier que donner du lait maternisé, ça créé des déchets. Il y a les boites de lait. Les tétines à changer. Les biberons qui se cassent. Et tu peux continuer très longtemps comme ça, parce que OUI, AVOIR UN ENFANT GENERE DES DECHETS, tout comme vivre en tant qu’adulte dans cette société en génère. Voilà, c’est comme ça, acceptons-le ! Cependant, allaiter peut en générer aussi ! Il y a potentiellement tous les coussinets d’allaitement jetables (oui, au début, ça pisse et tu te retrouves couverte de lait avec zéro dignité le matin), les crèmes de soin, les bouts de sein en silicone…L’allaitement écologique est à prendre avec des pincettes !
Et puis quoi qu’il en soit ? Qu’est-ce qui est mieux ? Une maman allaitante – mais dont la famille fait des city trips en avion au bout du monde 6 fois par an, qui roule en gros 4×4 et qui mange des entrecôtes à chaque repas ? Ou alors une maman biberonnante – engagée, qui prend peu l’avion et qui vit en toute sobriété par ailleurs ? Chaque maman fait de son mieux, et toutes doivent pouvoir faire un choix en toute conscience et sans culpabilisation à propos de ce qu’elles veulent mettre en place pour leurs enfants. L’écologie est une démarche globale, tout ne repose par sur les individus – loin de là, alors BORDEL arrêtons de rendre les mamans encore plus malades de culpabilité qu’elles ne le sont déjà !!
Alors mon bichon, qu’as-tu pensé de cet article ? Avais-tu vu passer ce post polémique de LLL ? Que penses-tu de cette histoire d’allaitement écologique ? Si tu as allaité, qu’en penses-tu ? Un partage d’expérience ? Un avis sur la Leche League ? Je t’écoute 🙂
Je te souhaite une merveilleuse journée et te dis à très vite.
Allaitement en conscience et Biberon libéré.
Ps : little sondage, est-ce qu’un partage sur mon accouchement au naturel en maison de naissance t’intéresserait potentiellement ?
Mais non mais quelle angoisse ce poste de la ll! Je trouve cça a scandaleux, vraiment le poids sur les épaules qui est rajoutée sur les femmes. C est ouf.
Et pourtant tu le sais, j ai allaité, j ai aimé ça quand ça c est mis vraiment en route a 4 mois et que ca roulait mais que le travail reprenait…
Parce oui, je trouve que ca n est pas assez dit mais l allaitement ce n est pas licorne et paillettes ! Même quand on a beaucoup de lait au départ, bonjour les engorgements et la mastite de l enfer…. plus d une fois en larmes tellement ça fait mal, mais j y tenais tellement.
Et voilà ca roule, ca se met vraiment en place et bim travail, mais je ne tirais pas en journée trop compliquée donc ca c est arrêté comme ça et finalement, ça me rend un peu triste d avoir arrêté comme ça…
Surtout que peu de temps après, on a été confiné.
Mais une autre remarque, dès que tu allaites un peu plus de 2 mois, les gens jugent aussi. Et c est ça le plus épuisant finalement, quelque soit le choix, y a toujours qqn qui dira qq chose.
Bonne fin d aventure lactée, prend soin de toi.
Des bisous
Hello Alice, merci pour ton partage d’expérience <3
Que je suis triste de lire que ton allaitement s'est terminé en queue de poisson 🙁 Je partage vraiment ton désarroi et c'est une bonne piqûre de rappel pour souligner que la société, tout en encourageant quand même l'allaitement de manière importante, ne met quasiment rien en place pour qu'il soit facile et long (dans le cas où on le souhaite). Tu as raison, finalement, quel que soit notre choix vis-à-vis de l'allaitement, nous sommes culpabilisées. Ce que nous faisons n'est jamais la bonne solution et nous devons faire face à des jugements permanents. C'est marrant, ça me fait penser à des remarques que j'ai eu dans ma belle famille, où on parlait de mon fils qui m'a quelques fois mordu le sein (OUCH 😀 Putain de dents, hein ^^ ?) et on m'a dit "ah ben, s'il mord, il serait peut-être temps d'arrêter hein". OMG MAIS CHUT QUOI 🙄 !!
Bref, stop à la culpabilisation, de la part de n'importe qui - et oui à des allaitements apaisés et facilités !
Belle journée à toi <3
Bonjour Manon,
Ça m’intéresserait beaucoup d’en savoir plus sur ton accouchement !
Une autre chose qui m’intéresserait, ce serait que tu racontes comment tu as mangé pendant ta grossesse. Tu avais dit dans une vidéo que tu n’avais pas l’intention de suivre toutes les recommandations (je le dis de mémoire au moins 1 an et demi après le visionnage donc ce n’était peut être pas tes mots exacts !), et du coup j’aimerais savoir ce que tu as fait finalement, si tu as changé d’avis, si les recommandations des médecins ont eu raison de tes résolutions, etc…
Merci ☺
Coucou Véronique,
Un article sur mon accouchement « au naturel » va sûrement bientôt voir le jour, puisque vous êtes quelques unes à me le réclamer 😉 Pour ce qui est de la manière dont je me suis nourrie pendant ma grossesse, je ne pense pas en faire un article…mais en effet, j’ai mangé de tout, surtout au début du 4e mois (quand les nausées m’ont ENFIN fichu la paix ^^). Steak tartare, sushis, lavés mais pas au vinaigre blanc, viande saignante. Je ne me suis pas interdit grand chose. Pour tout avouer, je me suis même autorisé 2 verres de vin pendant mon dernier trimestre.
Pour être assez claire, ceci n’est absolument pas un encouragement à faire comme moi – loin de là – chaque mère en devenir est apte à prendre ses propres décisions, mais de mon côté, la grossesse m’était tellement insupportable par moments, que m’autoriser ces petits écarts potentiellement « dangereux » a été ma bouée de sauvetage. C’était préserver ma santé mentale en fait ! Je n’ai plus partagé sur le sujet par la suite, mais j’ai fait un début de dépression pre partum au tout début de mon deuxième trimestre – chaque matin, je me réveillais en fondant en larmes, j’avais l’impression que mon conjoint était un total inconnu (alors que nous sommes ensemble depuis plus de 10 ans), j’avais des pensées suicidaires – ça a été CHAUD pendant quelques semaines – et une prise en charge psy rapide m’a sauvé la mise. Donc oui, j’ai mangé de tout, j’ai bu quelques très rares verres – il aurait pu arriver quelque chose, mais c’était juste la seule manière que j’ai trouvée pour rendre cette grossesse supportable ! En bref, j’ai fait de mon mieux 😉
J’espère que je réponds à ta question !
Très belle journée à toi
Merci beaucoup de partager tout cela ! (surtout que ce n’est pas très politiquement (ou maternellement !) très correct et que ça pourrait t’attirer les foudres de certain(e)s 😉 )
Je trouve cela très intéressant de lire autre chose que « la grossesse c’est formidable », et je n’avais jusqu’à maintenant pas pensé à la préservation de sa santé mentale, et effectivement, cela doit être aussi important que le reste pour mener à terme sa grossesse et avoir un bébé en pleine forme.
Je ne sais pas si tu l’as déjà fait, mais tu devrais écrire un article best of des remarques que tu as eu pendant ta grossesse (et après vu que visiblement ça continue) ; avec ton style d’écriture je pense que ce serait un super moment de lecture pour toutes tes lectrices et lecteurs (s’il y en a !) 🙂
Coucou Véronique, merci beaucoup pour ton commentaire 😀 T’inquiètes, j’ai l’habitude de la foudre qui tombe, je suis un paratonnerre à moi toute seule !! Je pense que je vais vraiment commencer à défricher avec des posts plus tournés « parentalité ». Parce que bordel, c’est loin d’être un lit de roses ! Ta remarque est très juste concernant la santé mentale – et alors que je viens d’entamer un traitement pour combattre ma dépression post-partum (j’en reparlerai en détail), je réalise à quel point il est primordial, pour soi comme pour son enfant, de prendre soin de soi et d’être en mode auto-écoute.
Très bonne idée ce best of des remarques (valable quand on est jeune maman aussi ^^), j’inscris ça dans les tablettes 😀
Belle journée à toi !
Bonjour
Je lis ton article et je suis profondément « pas d’accord. »..Tu t’es sentie pressurisée par l’allaitement et par la leach league et c’est bien dommage mais c ‘est pourtant le rôle de la leach league, d’informer et de promouvoir l allaitement.
Pour faire un comparatif pas très heureux, c’est comme si un fumeur, se plaignait d ela ligue contre le cancer qui le culpabilise en lui disant que fumer tue. (On est d’accord qu’on est pas du tout dans le même registre mais c’est pour illustrer mon propos). On ne peut pas reprocher à la leach league de mettre en avant les avantages de l’allaitement. L’allaitement a été complètement relégué au second plan par notre société alors que oui, c’est ce qui est adapté aux enfants et c’est écolo… mais personne ne dit que c’est facile. Mon premier allaitement a commencé en catastrophe, j’ai comme toi, tire allaité 1 mois mais la leach league l’ a sauvé grâce à leurs articles sur la capacité des bébés et à ses 1 mois de vie, j’ai pu passer du biberon au sein direct et j’ai allaité 10 mois. j’en suis maintenant à mon 3ème allaitement et celui là dure depuis 26 mois et sans la leach league (et les autres associations d’allaitement) j’aurai trouvé cette durée saugrenue. Je pense que ta colère devrait être tournée vers les personnels qui n’ont pas su t’accompagner au mieux, contre la société qui veut que les femmes se débrouillent seules et assument tout sous peine de culpabilité. On peut tout à fait faire le choix de ne pas allaiter, on peut aussi éprouver d’immenses difficultés alors qu’on a envie d’allaiter mais ce n’est pas la faute des associations qui, elles au moins, soutiennent les femmes (même si leurs messages peuvent paraitre culpabilisante, il n’en est pas moins vrai).
bonne journée
Bonjour Elodie,
Merci pour ton commentaire ! J’entends parfaitement ton avis – et tu as entièrement le droit d’être en désaccord avec mon article 😉 C’est vraiment cool si la Leche League t’a conforté dans tes allaitements et t’a apporté le soutien nécessaire quand c’était la grosse galère. Cela dit, je me permets une fois de plus d’exprimer mon profond désaccord sur un point : la Leche League fait de la désinformation (et ils sont d’ailleurs régulièrement épinglés pour cela). Ce sont les spécialistes pour publier des généralités qui reposent sur des études réalisées sur moins de 10 personnes (éthique moyenne, on en conviendra !). Quand je dis que j’ai lu des posts du type ‘la baisse de lactation n’existe pas » et ‘donner un biberon de poudre à son enfant n’est pas une chose à faire », je ne déconne pas – ce sont des trucs que j’ai lu tels quels sur leur site. Je me suis sentie jugée, culpabilisée, moins que rien (et pour en avoir souvent discuté In Real Life et sur le web, je suis très loin d’être la seule). Je pense qu’on peut accompagner les mamans allaitantes autrement qu’en les culpabilisant en permanence – ce que d’autres personnes et ressources savent par ailleurs très bien faire. Je ne suis pas d’accord non plus sur le fait que l’allaitement ne serait pas encouragé…je trouve que c’est plutôt le contraire et qu’on met une énorme pression sur les épaules des mamans ! Quant aux professionnels qui ne m’auraient pas correctement accompagnée, je ne pense pas que ça soit le cas. Il y a eu un manque de temps à me consacrer de leur côté (mais c’est malheureusement plutôt la norme dans le milieu médical…) – et je le déplore (ça aurait en effet pu me permettre de vivre un allaitement plus serein) – mais ce n’est pas le sujet mon billet. Allaiter n’est pas forcément plus écologique – on peut donner des biberons et mener une vie presque zéro déchet et allaiter, prendre l’avion 5 fois par an, consommer comme une malade…Je ne pense pas que l’allaitement fasse l’écolo, ça n’a pas vraiment de rapport. Et quoi qu’il en soit, c’est faire peser encore plus de charge morale sur les épaules des mères (fait de se préoccuper de l’environnement et de l’avenir) – qui, je trouve, sont déjà bien chargées comme cela. C’est pour cette raison que je trouve leur post malhonnête et inutilement culpabilisant, et ce n’est pas la première fois qu’ils sortent un truc du style juste pour prêcher pour leur chapelle. De mon point de vue, je considère que c’est dégueulasse de procéder ainsi. On peut promouvoir l’allaitement sans culpabiliser les femmes. Mais ce n’est que mon avis et tu as le tien – je le respecte ! Je te souhaite un allaitement apaisé et que ça continue tant que tu le souhaites ! Belle journée à toi !
Salut,
Je te découvre avec cet article, enfin ce double article, et d’abord, merci, pour ta belle écriture, ton style fluide, ton humour, ta façon directe et sans détour de dire les choses.
Mon expérience va peut-être te surprendre, puisqu’en fait, je n’en ai pas, et pourtant ce que tu as écrit m’a touchée et fait du bien au point que j’en ai eu les larmes aux yeux.
Je ne peux pas avoir d’enfant, après pas mal de bazar médical un verdict ferme et définitif a scellé la question. Mon mari et moi avons donc décidé d’adopter. Nous avons eu notre agrément et sommes en attente, pas grand-chose à faire d’autre à l’heure actuelle. Peut-être, c’est même de l’ordre du carrément possible, que nous n’aurons jamais d’enfant. Ça ne m’empêche pas de me préparer à en avoir un.
Et bien sûr, moi qui me voyais plutôt allaiter, je me suis demandé ce qui allait se passer. Je me suis demandée si c’était si grave que mon petit ne puisse pas boire mon lait. Et donc, j’ai cherché, et j’ai trouvé, et pas forcément les bonnes choses. Je suis tombée sur la Leche League, mais pas seulement. Les discours culpabilisants et extrêmes sur l’allaitement fleurissent sur le web. Certains sont d’une très grande violence pour des personnes dans ma situation.
Parce que quoi que je fasse, je n’en aurai pas du lait, pour mon bébé. Et donc, quoi que je fasse, je serai une mauvaise mère, ou du moins, une moins bonne mère que si j’avais pu donner la vie. Je n’étais même pas mère que cette idée s’est mise à me pourrir la vie. Parce que certains la martelaient tellement fort que malgré toute ma logique, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que je n’apporterais jamais le meilleur à mon enfant.
Je suis même tombée sur un article qui expliquait que même sans être mère biologique, on pouvait finir par obtenir des montées de lait si pendant des mois, on essayait de le tirer tous les jours. Qu’à force la stimulation pouvait créer une lactation… Je ne sais même pas à quel point c’est scientifique, à quel point c’est vrai, et pourtant le simple fait de me rendre compte que je n’étais pas sûre d’avoir le courage d’entreprendre une telle démarche m’a fait culpabiliser à mort en me disant que je n’étais pas prête à tout pour offrir le meilleur à mon enfant…
Et pourtant, je suis favorable à l’allaitement naturel, je trouve vraiment bien que l’on puisse encourager plus souvent les femmes, avec bienveillance et soutien, à revenir à l’allaitement qui ces deux dernières décennies avait tendance à être de plus en plus mis de côté. Mais tout est dans ce mot, bienveillance. Vouloir le bien de l’autre, pas seulement vouloir faire passer son petit message personnel, son petit combat, son petit intérêt.
Quand je me suis rendue compte que ce genre de discours poussé à l’extrême pouvait faire se torturer moralement quelqu’un qui n’est même pas encore maman et ne le sera peut-être jamais, je me suis vraiment dit qu’on atteignait un stade critique et inquiétant… Ce qui est malheureusement le cas dans tous les domaines avec des personnes qui pensent d’abord à brandir un drapeau et une épée avant de se préoccuper du bien des gens qu’elles prétendent vouloir, défendre, protéger ou éduquer.
Bonjour Flo. WOW. Quel courage tu as ! Un immense merci à toi pour venir nous partager ton expérience si difficile par ici. Mon coeur s’est serré à la lecture de ton témoignage. A la lecture de toutes les difficultés que tu as dû traverser, que vous avez dû traverser, je ne peux qu’entrevoir la douleur quotidienne que peux vous causer le fait de ne pas accueillir d’enfant pour le moment. Vouloir un gamin, c’est dans les tripes, ça ronge. Une longue attente suivi d’une fausse couche m’ayant brisé le coeur (et continuant à me le briser d’ailleurs), je peux à peine imaginer l’épreuve à laquelle vous faites face. Tout mon soutien et mon amour vis-à-vis de ce que vous pouvez traverser – et de ce que vous traverserez encore <3
Ce que tu nous livres ici souligne parfaitement le côté affreusement égoïste des posts "allaitement de l'extrême" sur internet (qui prêchent clairement pour leur chapelle) - qui ne se posent même pas la question de savoir la douleur qu'ils causent aux personnes qui ne peuvent pas allaiter - ou celles pour qui ça sera hyper difficile. Tu illustres parfaitement leur manque d'empathie - et je te remercie de le faire, je ne doute pas une seconde que ta prise de parole va aider les personnes qui sont dans la même situation que toi !
Déjà, avant toute chose, tu seras une mère géniale. TU ES DEJA UNE BONNE MERE. A travers ton post, je lis tout l'amour que tu as à donner, et une envie d'apporter le meilleur à un enfant, quel qu'il soit. Si tu veux le meilleur pour cet enfant qui arrivera peut-être dans votre vie, alors tu es une maman formidable - qu'il soit allaité ou non. Que vous en accueillez un ou non, d'ailleurs. Tu as cette maman AMAZING en toi !
De mon côté, j'avais aussi lu qu'en cas d'adoption, on pouvait quand même envisager un allaitement en stimulant et stimulant encore. Aucune idée non plus quand à la validation scientifique ! Je te conseille de poser simplement la question à la personne qui réalise ton suivi gynécologique (je me permets de te conseiller d'opter pour une sage femme si ce n'est pas encore le cas, dont la plupart que j'ai croisées étaient extrêmement bienveillantes - je n'ai nul doute que tu vas trouver une personne médicalement qualifiée pour t'aiguiller sur la question). Et quelle que soit la réponse, même si tu peux effectivement envisager cet allaitement avec mega stimulation des seins, tu as entièrement le droit de ne pas avoir envie de de te faire subir ça. Parce que OUI, tirer son lait, ça peut être simple quand on en a beaucoup (et encore, ça peut être simple MAIS désagréable), mais pour avoir galéré à tirer le mien, à stimuler, surstimuler au tire-lait et être dans le stress permanent de ne rien voir venir - je te confirme que ça peut virer à la torture. Et on a le droit de ne pas vouloir se torturer. De vouloir se préserver. Tu sais, même si, en effet, le lait maternel s'adapte à ton enfant, les laits infantiles fabriqués aujourd'hui sont d'excellente qualité (et c'est Que Choisir qui le dit, j'ai tendance à les croire plus que les posts culpabilisants 😉 !). J'ai été biberonnée, mon conjoint aussi - et je crois dire qu'on est à peu près fonctionnels aujourd'hui ^^
Être une bonne mère ne devrait pas nous conduire à nous sacrifier en permanence sur l'autel de la maternité, même si c'est ce postulat que la société essaie de nous imprimer dans le crâne en permanence. Je répète que quand on a à coeur le bien-être de son enfant, on est une bonne mère. On est suffisante avec ce que nous sommes.
Encore une fois tout mon soutien à vous, je vous souhaite d'accueillir un pitchou à chérir très bientôt - et que tu l'allaites ou pas, je suis certaine qu'il/elle sera très heureux à vos côtés. Il en aura de la chance, cet enfant ! Amour, respect et soutien <3
Salut Manon !
Toujours un plaisir de te lire 😉 !
Pour avoir allaité mes deux enfants, je confirme que rien n’est simple et que tout ce qu’on peut lire (LLL ou autres ;)) est souvent culpabilisant au possible !!!
C’est une infirmière qui a sauvé mon allaitement à la maternité, la montée de lait a pris longtemps après ma césarienne, j’avais mal, j’étais éreintée, bouleversée…
Cette nuit-là, j’étais en larmes avec mon bébé qui hurlait, elle est restée avec moi, m’a rassurée, m’a dit que c’était normal que ce soit difficile, que je ne devais pas culpabiliser, qu’il fallait de la patience, que la mise au sein n’était pas innée. Tout en douceur et en finesse, une vraie perle.
Ça a fonctionné dès le lendemain, j’étais la fierté incarnée ! Certes, il y a des crevasses, des sécheresses des douleurs qui apparaissent mais quand on est motivée, on passe outre. Il faut avoir le bon interlocuteur et c’est rare. Je n’ai jamais revu cette infirmière, je ne connais pas son nom, je la remercie quand même : ses précieux conseils ont servi pour mon fils et ma fille ; sans elle, j’aurais abandonné.
Ceux qui savent tout, qui croient que donner le sein à son bébé n’est que bonheur et facilité, euh, vous vivez sur quelle planète en fait ?
Hello Stéphanie 🙂 Merci beaucoup pour ton commentaire et le partage de ton expérience. Je crois que ça fait sincèrement avancer les choses de témoigner à propos de nos expériences compliquées (et si ça peut aider des mamans en détresse errant sur le Web, je dis double OUI). Tu as raison, on lit beaucoup de choses culpabilisantes partout. Et en plus, je crois que nous ne sommes pas aiguillées vers les ressources les plus optimales quand ça se passe mal. De mon côté, j’aurais apprécié lire des discours déculpabilisants me disant que OUI, même si c’est la grosse merde, tu es une bonne mère – tu fais de ton mieux. Aujourd’hui, grâce à des comptes Instagram comme @madame_captain @callmequeenjosie ou encore @yo.les.meufs, je me sens mieux – je suis sortie de la spirale sans fin de la culpabilité.
Il faudrait aussi plus de personnes comme l’infirmière que tu décris, qui prennent le temps, qui rassurent, qui aiguillent (mais malheureusement, compte tenu de l’enfer dans lequel est plongé le personnel de santé, j’ai peu d’espoir – ça restera la loterie jusqu’à nouvel ordre!) – on ne le dit pas assez, mais il suffit d’une personne, une fois – pour sauver un allaitement.
L’image de la mère allaitante en mode Madone, pour qui c’est hyper facile et naturel a encore bien trop cours. De mon côté, et je pense que tu as vécu un ressenti plus ou moins similaire, je n’aurais jamais cru qu’un bébé puisse devoir apprendre à téter.
Bref, belle aventure, mais difficile quand on n’a pas les bonnes clefs et qu’on n’est pas entourée comme on devrait l’être. Très belle journée à toi !
« Avoir un enfant génère des déchets, tout comme vivre en tant qu’adulte dans cette société en génère. Voilà, c’est comme ça, acceptons-le ! » => AMEN !! C’est pourquoi j’ai du mal avec la recherche de la perfection, de LA façon de faire qui sera absolument sans aucun reproche. J’ai parfois l’impression qu’il existe un « avatar ecolo parfait » tout comme il existe des familles « parfaites » et des corps « parfaits » dans les publicités, ce qu’on ne sera jamais. Et comme tu le dis, on ne peut pas juger le « niveau écolo » d’une personne sur UN truc qu’elle fait dans son quotidien – et d’ailleurs on ne devrait surtout pas le faire. (PS : Je dis OUI pour un partage sur l’accouchement au naturel en maison de naissance)
Hello Manon, merci pour ton commentaire ! Je pense que c’est quelque chose qui gratouille de plus en plus dans le slip de certains milieux écolos : on n’accepte plus de produire des déchets…Mais c’est bel et bien le cas ! Et ce n’est pas pour cela que nous sommes des pourritures…on fait ce qu’on peut dans la configuration actuelle du monde – qui – disons honnêtement ce qui est – rend toute vie réellement alternative difficile.
Alors que nous sommes toutes deux en train de lutter contre notre propre perfectionnisme (TMTC comme disait les jeunes dans les années 2000 😛 ), j’en suis au même stade que toi : ras le bol avec cette notion du « parfait » qui nous est sans cesse envoyée en pleine poire. Personnellement, tout ça me fait beaucoup de mal…
Bon, je vais me coller sur un partage 100% maison de naissance alors !
Belle journée à toi !